On peut analyser la phrase selon trois niveaux différents ; les trois opèrent en même temps mais ne privilégient pas forcément la même notion.
1- NIVEAU SYNTAXIQUE | SUPPORT + APPORT
|
2- NIVEAU SÉMANTIQUE | ACTANT + RELATEUR + ACTANT(S)
ACTEUR PROCESSUS Voir le développement sur les schémas actantiels |
3- NIVEAU ÉNONCIATIF | THÈME + RHÈME
A ce niveau certaines choses sont postulées. L'information détenue par le co-énonciateur va déterminer la suite du texte. Le THÈME (ou topique) est une notion ou une entité dont les deux énonciateurs sont conscients qu'elle est déjà présente dans l'échange, autrement dit l'information donnée (ou ancienne). C'est ce dont il s'agit, comme le thème d'un exposé. Le RHÈME (ou commentaire) est ce qu'on va dire de cette entité thématique. C'est l'information nouvelle. La plupart du temps le thème est équivalent au sujet de la phrase et le prédicat constitue le rhème. Paul mange une pomme Cependant, il arrive que le thème et le sujet ne se correspondent pas : Ma voisine, son mari, il
a acheté une auto |
L'étude structurale de la morpho-syntaxe a été marquée par deux grands courants :
L'approche générative découle de la seconde dominée
par Leonard Bloomfield dans les années 30 et Zellig Harris dans
les années 40. Dès les années 50, Noam Chomsky entreprend
une pensée philosophique sur le langage et se démarque par
une rupture épistémologique par rapport au distributionnalisme
de base selon un certain nombre de principes:
1. Le principe génératif | Il ne s'agit plus, comme pour Bloomfield ou Harris, de percevoir la langue comme un gros corpus. Pour Chomsky la langue a un capacité créatrice. Il existe une possibilité de partir d'un ensemble fini de règles pour engendrer un nombre infini de phrases par un système de combinaisons. |
2. Modélisation | Plutôt que d'adopter une attitude descriptive consistant à classifier des formes empiriques, Chomsky préfère une procédure explicative par un exercice d'abstraction et d'analogies un peu à la façon d'un ordinateur. |
3. Compétence / performance | Il existe une compétence innée chez chaque locuteur permettant
à l'enfant de s'inscrire virtuellement dans n'importe quel cadre
linguistique avec une capacité d'improvisation individuelle. Cette
compétence se réalise dans des performances. Cette vision des choses va à l'encontre du behaviorisme de Skinner et des patterns du statisticien Markov, qui voient tous deux dans la performance une simple imitation de modèles appris et intériorisés. En cela, l'approche de Chomsky est plus psychologique que sociologique. |
4. Grammaticalité | Le locuteur idéal est doué d'une intuition linguistique
et il a la compétence de juger de la grammaticalité d'une
phrase. Certaines séquences et combinaisons de formes ne sont pas
acceptables. Par exemple, en français, on acceptera difficilement
des phrases déclaratives avec un verbe en position initiale : * viennent les enfants demain. Par ailleurs Chomsky fait une distinction entre ce qui est agrammatical et ce qui est asémantique. Certaines phrases bien formées peuvent être dénuées de toute signification pour des raisons qui ne sont pas liées à des critères formels : * D'incolores idées vertes dorment furieusement. |
5. La grammaire universelle | Cette idée découle de grammairiens classiques du XVIIe
siècle, notamment de la Grammaire Générale et Raisonnée
de Arnauld et Lancelot, dite de Port-Royal.
Il existerait dans toutes les langues et pour tous les locuteurs une
structure profonde appelée universaux du langage. Ces universaux
prendraient des formes diverses lors des réalisations de phrases
dans les diverses langues. |
6. Cartésianisme | En tant que philosophe du langage, Chomsky se rapproche de la pensée de Descartes qui oppose le rationalisme à l'empirisme. La vision du monde se construit par la pensée, par un raisonnement et par des constructions mentales. La perception du monde ne se fait pas par les sens. Pour chaque individu, il y a un préexistence de la compétence. |
Il ne s'agit pas ici de faire une analyse poussée de la théorie
générative, mais plutôt d'en résumer les grandes
lignes fondatrices. Pour plus d'informations à ce sujet, je vous renvoie
au site d'Yves Roberge : Une
brève introduction à l'analyse syntaxique en grammaire générative
: http://linguistes.com/syntaxe/roberge/
© Henriette
Gezundhajt,
Département d'études françaises de l'Université
de Toronto, 1998-2004
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