Facteurs internes de variation phonétique

 

 

Ceci n'est qu'un résumé des phénomènes. Pour de plus amples explications nous vous renvoyons aux ouvrages de Pierre Léon dans la bibliographie.

 

 La neutralisation des oppositions vocaliques

 Dans le nord de la France, certaines oppositions vocaliques ont tendance à disparaître à cause de deux facteurs prédominants :

 

 

La loi de la distribution complémentaire :
[Voir le chapitre sur la phonétique]

 

L'allongement vocalique sous l'influence de facteurs internes ou contextuels

Voir document d'accompagnement

 

Les variantes consonantiques conditionnées

 

Assimilation régressive
En français, une consonne qui se trouve en position initiale forte d'une syllabe a tendance à imposer sa nature à la consonne en position finale faible de la syllabe qui précède.

 

Ainsi :

 

  • observer   se prononce car le [s] sourd assimile le [b] en l'assourdissant comme un [p].
  • par ailleurs le [k] de anecdote est sonorisé par la nature du [d] en position forte par lequel il est suivi.

 

Présisons que dans le cas de l'assimilation régressive, on n'obtient pas exactement la version sourdedes phonèmes, considérée comme forte.

Il s'agit ici de phones dévoisés faibles, une sorte de déformation de la variante voisée.

Les phonéticiens préfèrent indiquer ce type de phénomènes par des signes diacritiques : [] ou [] pour le dévoisement, et [] pour le voisement.

Ainsi pour les exemples ci-dessus on notera :

[] ou [] (plutôt que [p]), pour le phone obtenu par assimuilation régressive dans « observer » []

et

[] (plutôt que [g]), pour celui réalisé dans « anecdote » [ ]

 

Voir exemples proposés par André Clas

 

 

E CADUC
transcrit phonétiquement par « schwa »

INTERDIT
OBLIGATOIRE 
FACULTATIF 
- En position finale: elle reste
Position initiale:
  • Précédé de deux consonnes prononcées : Prenez

  • Dans le pronom interrogatifque :
    Que fais-tu ?


  • Dans le motdehors

 

Plutôt oui:
  • après [p], [t], [k], [b], [d], [g]
    debout !


  • pour éviter les consonnes doubles à l'initiale : ce soir

 

 

  •  Précédé d'une seule consonne prononcée:samedi

  • devant un "h" muet :l'homme

 

 Position finale :
  •  Dans les mots accentuésle,ce :
    parce que,prend-le, sur ce

 

A l'intérieur d'un groupe rythmique :

  • Précédé de plus d'une consonne prononcée :
    il me dit,justement


  •  Devant un "h" aspiré :
    le haut

 

 

Plutôt non:
  • Lorsque plusieurs E caducs se succèdent, on a tendance à prononcer le premier et à supprimer le second: "je l(e) sais" bien que la prononciation "j'le sais" soit possible.

  • Dans certains groupes, on préfère garder le second E caduc: j(e) te,c(e) que,Parc(e) que.

 

 

Remarques:

  • La conservation ou non de la prononciation de l'E caduc dépend du registre de langue employé. Plus le style est recherché, plus les E caducs sont prononcés. Ainsi, en poésie il est conservé devant consonne.

  •  La consonne [] se trouve assourdie en [] devant une consonne sourde selon la loi de l'assimilation régressive très courante en français : J(e) pars.

  •  Le rythme et l'accent tonique ont un rôle déterminant dans le maintien de l'E caduc :garde-robe, gard(e)-malade.

 

 

 

 

Les enchaînements et les liaisons

 

 

Enchaînement
Liaison
Une consonne d'enchaînement est toujours prononcée en finale du mot, même s'il est isolé. Si le mot qui suit commence par une voyelle prononcée, la consonne finale du mot qui précède devient la consonne initiale du mot qui suit. La consonne d'enchaînement ne change jamais de nature phonétique.

C'est le cas du [d] de grande dans :

 

Une grande amie

 

La consonne de liaison est un vestige du passé qui apparaît en position finale du mot à l'écrit mais qui ne se prononce plus à l'oral lorsque le mot est isolé. On dit de cette consonne qu'elle est latente. Comme pour l'enchaînement, devant un mot commençant par une voyelle prononcée, la consonne sera prononcée en position initiale du mot suivant. Par contre sa nature peut changer, car [s] devient sonore comme dans :

 
De grands amis

  

et [d] devient sourd comme dans :

 

Un grand ami

 

Ainsi les consonnes écrites :

  • s,x et z seront prononcés [z]
  • t etd seront prononcés [t]
  • n,r et p conserveront leur nature d'origine.

 

 

 

 

Liaison
INTERDITE
OBLIGATOIRE 
FACULTATIVE 
  • Entre deux groupes syntaxiques ou deux parties de la phrase; autrement dit, après un mot accentué

    Elles chantent et elles rient


    Les enfants / ont construit / une maison/ avec des cartes.


  • après un substantif singulier
    Un soldat anglais


  •  dans les chiffres un, huit, onze
    cent huit
    exceptions :
    vingt-huit, dix-huit

  • devant un h dit aspiré
    les haricots

 

  • après les noms propres
    Jean arrive

 

  • après l'adverbe interrogatifquand
    Quand est-il arrivé ?

 

  • dans certains groupes figés commechiens et chats
  • entre un déterminant et un nom
    Les amis


  • entre un déterminant et un adjectif
    Les anciennes fondations.


  • entre un adjectif qualificatif et un nom
    Un petit ami.


  • entre un pronom personnel et un verbe
    Elles aiment danser


  • entre la forme verbale inversée et le pronom qui suit
    Dansent-ils le samedi soir ?


  •  après les prépositions et les adverbes monosyllabiques.
    Dans une semaine,
    très amusant !


  • Dans certains groupes figés comme avant-hier et comment allez-vous ?
  • après les formes verbales
    Je suis arrivé.


  • après les noms au pluriel suivis d'un adjectif
    Des vacances agréables

  • après les adverbes modificateurs se terminant en -ment.
    C'est complètement inutile.

 

 

 

Les liaisons après une voyelle nasale
Les adjectifs se terminant par une voyelle nasale se dénasalisent lorsqu'ils sont suivis d'un mot commençant par une voyelle prononcée, ils se prononcent alors de la même façon que leur forme féminine.

 Un bon ami / une bonne amie

À noter que dans le cas des adjectifs possessifs mon, ton et son, il n'y a pas de dénasalisation de la voyelle malgré la liaison.

mon ami

 

 

Le cas de six, huit et dix
Lesdéterminants numéraux six, huit et dix ont une consonne latente qui fonctionne à l'inverse des cas précédents. On entend la consonne quand le mot est isolé. On fait la liaison devant une voyelle. Cependant la consonne disparaît si le mot qui suit commence par une consonne.

 six / six enfants / six personnes

 huit / huit enfants / huit personnes

 dix / dix enfants / dix personnes

 

Le cas de neuf

Devant « heures » et « ans » le [f] de neuf devient voisé et se prononce comme un [v]. Devant les autres mots commençant par une voyelle [f] reste dévoisé.

 

 

neuf enfants


neuf ans


neuf heures







© Henriette Gezundhajt, Département d'études françaises de l'Université de Toronto, 1998-2013
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